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En plagiant le second souffle de François Jullien, les carnets de JJS, page 36

les carnets de JJS, page 36


En plagiant le second souffle de François Jullien


François Jullien, dans « Une seconde vie »  (Grasset 2017), développe l’idée d’un renouveau de la pensée dans le cours de la vie, un second souffle…

Cette pertinence, qu’il s’appliquait à lui-même, pourrait être réinterprétée dans un cadre plus large et, pourquoi pas, s’appliquer à nos pratiques « artistiques », qualificatif approprié pour nos arts corporels d’origine extrême-orientale.


Alors plutôt qu’une laborieuse paraphrase, je me risque à un plagiat totalement assumé, en changeant terme à terme « pensée » par « pratique », sans rien retoucher.

Je propose alors un éclairage inédit pour les pratiquants de longue date qui s’interrogent (parfois) sur les aléas de leur parcours, voire sur leur « essoufflement ».

Voici donc le texte plagié :


Il y a un deuxième temps dans la pratique, celui où l’on se détache à son insu de la compétence exercée, de la technicité dont on a acquis la maîtrise. Non pas qu’on voudrait s’en débarrasser ou qu’on en serait déçu, mais, parce que, commençant de revenir sur ce chantier déjà avancé, on s’inquiète de ce qu’il a laissé échapper et qui toujours, au fond, est le même : le plus simple, plus élémentaire et plus radical, plus en rapport avec l’existence même…


Aller « plus loin » prend un autre sens : commencer de revenir sur ses pas pour remonter aux partis pris (ou hasards) qui ont porté les débuts de la pratique, mais qu’on croyait soi-même être des «choix », et tenter de s’émanciper de l’arbitraire qui était l’envers nécessaire de l’efficacité de la démarche engagée.


Il ne s’agit pas là d’un renoncement ou d’un banal retour « à la base », mais d’un recommencement feutré de la pratique pour tenter de rattraper ce que ce premier filet lancé insolemment sur notre art (mais cette insolence d’un premier temps était bien sûr une qualité) avait inévitablement de trop hâtif, trop primaire et ce qu’il portait par conséquent à dissimuler ; et qu’il convient maintenant de déborder. Du même coup, ces ordonnancements mêmes auxquels on s’était si puissamment livré, en étant repris, en se desserrant, en s’oubliant, laissent-ils voir une pertinence insoupçonnée.


Encore faut-il bien distinguer les deux. D’une part, cette remise en chantier de la pratique : que la pratique échappe d’elle-même à son système qui commençait, en s’instaurant, de s’installer, c’est-à-dire s’affranchisse de la clôture de ses postures en vue de retrouver le plus élémentaire dont elle a dû s’abstraire pour s’élaborer. Et, d’autre part, de qui, chez d’autres, sous couvert désormais de plus de « simplicité », n’est qu’une habitude de la pratique et l’abandon de son exigence. La suite du parcours (mais est-ce encore un « parcours » ?) ne connait pas alors de renouvellement déterminé. Ce serait là se tromper sur la nature du renouveau. Car il n’est pas repli, mais reprise. Il aspire à plus de radicalité et non de facilité. Il n’est pas fait d’usure et d’affaissement, n’est pas une version plus soft ou plus aisée…


Dans ce second temps ou seconde manche de la pratique, elle se met quelque peu en vacances de ce qu’elle a construit et est en quête d’un plus essentiel ; ou plutôt le laisse-t-elle décanter, mais d’un laisser actif dont elle apprend l’usage ; elle le laisse dégager de tout l’effort précédent, de l’élaboration accumulée. Car elle sait, d’un savoir nouveau, impossible à anticiper, que conquérir avec passion comme avec précision ne suffit pas : que quelque chose échappe à la prise projetée…


Certain(e)s s’y reconnaissent-ils ?

JJ Sagot






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