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Göbekli Tepe (1), les carnets de JJS, page 34

les carnets de JJS, page 34

 

Göbekli Tepe (1)

 

Je vous propose cette semaine une réflexion sur le moment fondamental où l’homme se délie de la condition animale. Cette réflexion me semble importante pour qui s’intéresse à cette question (voir les pages concernant Philippe Descola et bien entendu celles sur les « techniques » où l’homme s’inscrit dans son rapport avec la condition animale comme le qigong des 5 animaux, par exemple).


Dès lors que l’homo erectus, l’homme debout, est capable par lui-même d’allumer le feu, c’est une grande révolution. C’est un affranchissement, l’homme n’est plus totalement dépendant des éléments, il a la maîtrise de l’élément primordial, celui qui venait du ciel. Il maîtrise alors la température, il peut cuire et conserver ses aliments, éliminer les maladies liées aux parasites ; son métabolisme et sa stature changent. Il maîtrise la lumière car la vie nocturne peut être désormais éclairée. Il maîtrise la vie domestique en ordonnant le clan. Alors le centre de toutes choses est le lieu du feu, l’âtre. Il y a un lieu pour l’Homme.  L’aventure de l’Homme s’émancipe de sa condition strictement animale.

On peut imaginer que bien avant la révolution néolithique et les prémices de la métallurgie, les hommes avaient considérablement développé leurs structures sociales et spirituelles. La découverte et les fouilles du site de Çatal Höyük, en Turquie d’aujourd’hui, ont ouvert une réflexion en ce sens. Certains archéologues (dont Ian Hudder, le directeur des fouilles) pensent que la sédentarité précède l’agriculture, ce qui tendrait à prouver que la révolution néolithique a été induite par une évolution des rites communautaires et non par la « découverte » de l’agriculture. D’ailleurs, on sait que l’agriculture n’est pas apparue en quelques années, mais tout au long de siècles où les communautés humaines avaient compris le processus de germination et l’utilisaient tout en conservant leur vie nomade.

 







 

Site de Çatal Höyük & statuettes féminines

 

 

Et puis la découverte, non loin de là, du site de Göbekli Tepe, recule encore les investigations, puisque, du village néolithique de Çatal Höyük (8 000 ans avant notre ère) au site cultuel de Göbekli Tepe (12 000 ans avant notre ère, bien avant la transition néolithique), on fait un bond considérable en arrière. Klaus Schmidt, le fouilleur de Göbekli Tepe, avance qu’il s’agit là d’un sanctuaire des derniers chasseurs-cueilleurs de la région.

 




 








Site de Göbekli Tepe

 

Si la recherche archéologique va dans ce sens, il faudra reconnaître une pensée symbolique bien plus complexe et une expertise de constructeurs bien plus élaborée que celles actuellement attribuées à nos ancêtres d’il y a 120 siècles et plus. Notons que dans l’échelle du temps, on n’est que quelques siècles après Lascaux, 5 000 ans avant les menhirs de Carnac, 7 000 ans avant les pyramides ! Il faudra bien retenir comme hypothèse que l’organisation symbolique du lieu de l’Homme n’est pas juste liée à son adaptation aux nécessités matérielles et que le concept de Terre Mère pourrait être antérieur à l’agriculture et donc être lié à un autre concept que la terre nourricière.

 Et puis…  les bas-reliefs de Göbekli Tepe nous intriguent : des dizaines d’animaux apparaissent sur les bas-reliefs mêlés à des figurations humaines. Les représentations animales ne sont plus pariétales, mais sur le premier temple entièrement érigé par l’Homme ! (en tous cas, celui reconnu comme tel )


On verra quelque descriptif dans la prochaine page de carnet.

 

JJ Sagot

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