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L’Occident face à l’Extrême Orient (1), les carnets de JJS, page 42

les carnets de JJS, page 42

L’Occident face à l’Extrême Orient (1)

 

L’américain Perry face à l’Empire du Soleil Levant,

une anecdote historique comme introduction au monde moderne

 

Voici ce qu’écrit Pascal Quignard dans « Les Ombres errantes »*, page 94 :

 

 Je date la mondialisation de la guerre sur la croûte terrestre à l’année 1853. Après le génocide des Indiens d’Amérique et leur « transportation » (« transportation » est un mot américain dont les Allemands puis les Turcs s’inspirèrent dans les décennies qui suivirent), après le génocide des noirs d’Afrique, la ségrégation affichée démocratiquement et l’esclavage, les Américains tournèrent leur regard vers le reste du monde.

Le commodore Matthew Perry déclencha les deux guerres mondiales durant l’été 1853 en baie d’Edo.

Le duc japonais alerté par ses hommes observa avec anxiété les navires à roue américains qui jetaient l’ancre dans la rade. Le duc japonais adressa ce message à l’officier américain : « Nous ne souhaitons pas que pénètre sur notre territoire une humanité diabolique. Nous vous demandons de bien vouloir vous en retourner dans votre pays et y demeurer sous la protection vénérable de vos morts. Car, jadis, nous avons connu des Chrétiens et nous nous en sommes mal trouvés. »

En réponse, le commodore Perry, à la proue de son navire, fit crier par le porte-voix de son vaisseau au duc d’Edo :

-         Ou bien vous ouvrez vos frontières au libre-échange. Ou bien ce sera par la force que nous vous imposerons le droit.

Ce que le commodore Perry appelait le libre-échange signifiait le commerce américain.

Le commerce américain est assez proche de ce que les anciens Romains appelaient la Pax.

On n’a jamais su ce que voulaient dire ces mots (libre, paix) ni en anglais, ni en latin.

Le commodore est entouré de ses vaisseaux à roue et de ses corvettes à vapeur. Il a fait pivoter lentement les canons et les a fait armer. Alors les mariniers et les pêcheurs japonais qui se sont amassés sur le quai, qui admirent en criant les quatre navires extraordinaires qui les menacent, sont pris pour cibles.

Les Américains tirent.

Les Japonais cèdent.           

* « Les Ombres errantes » est à la fois un essai, un recueil de pensées et de poèmes, un rappel d’anecdotes historiques. C’est le premier tome d’une longue série intitulée « Dernier royaume » dont chaque volume conserve la même forme, très particulière et atypique et s’articule autour d’un thème.


Il eut le Prix Goncourt en 2002, malgré de vives polémiques.


Pascal Quignard est un écrivain très singulier, qui a entrepris une œuvre qui, de toute façon, sera conséquente.


« Les Ombres errantes » fait référence au dernier roi des Romains, Syagrius, qui fut égorgé sur ordre de Chlodovecchus (Clovis, roi des Francs) et dont l’histoire rapporte ses derniers mots : « Quaesivit cum moriebatur ubi essent umbrae », c’est-à-dire « Tandis qu’il expirait, il demanda où étaient les ombres ».

 

Nous ferons l’analyse de ce texte dans la page suivante des carnets.

JJ Sagot

 

Illustration : estampe de Hiroshige, cadeau offert par le Commodore Perry aux japonais pour un chemin de fer en 1853

 

 

 

 

 

 

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