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Question de Style

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Le T’ai Chi Ch’uan n’est pas ma propriété.
Ce n’était pas non plus celle de mon maître.
Le T’ai Chi Ch’uan nous provient des Anciens.
Mesurez vous bien le sens de ces paroles ?

L’art n’est pas la création d’un seul individu.
Ce que nous appelons aujourd’hui T’ai Chi Ch’uan
est quelque chose qui s’est développé tout au long des générations.
Pour comprendre ce qu’est réellement le T’ai Chi Ch’uan,
il faut avoir un esprit extrêmement ouvert.

Avoir recours à des opinions arrêtées n’est pas une bonne attitude,
car, si vous pensez que votre propre conception est la seule valable,
vous êtes dans la même situation que la grenouille au fond d’un puits
qui pense percevoir l’intégralité du monde.

Cheng Manching

Un bref historique est nécessaire pour appréhender les choix méthodologiques de la Grande Ourse.


Ces choix se situent, à l’image du taijiquan, non pas dans un cadre arrêté et définitif, mais dans une perspective évolutive et dynamique.


Le taijiquan, même si sa dénomination de  Faîte Suprême  lui donne une place particulière dans l’histoire des arts martiaux chinois, n’est au départ qu’une technique parmi d’autres (cf dictionnaire des arts martiaux). Cependant, son originalité tient dans sa complétude, sa volonté de s’appuyer sur le socle philosophique traditionnel et dans sa capacité à avoir su intégrer la quintessence des techniques de combat, des techniques de santé et des pratiques rituelles traditionnelles (cf Catherine Despeux).
C’est pourquoi, comme dans tout art ou rite se revendiquant d’une filiation traditionnelle, apparaît la nécessité d’une origine mythique (cf Mircea Eliade). C’est l’histoire de Cheng Sangfang, bien connue des lecteurs.
D’une façon plus pragmatique, il faut considérer le taijiquan dans ses racines historiques comme une technique propre à une famille, selon les us et coutumes de la tradition confucéenne. Cette famille est la famille Chen, dont le style est éponyme, depuis le fondateur Chen Wangting.

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Nous nous arrêterons à la période des années 1850 où deux personnages vont influer sur la diversification du taijiquan : Yang Luchan (1799 – 1872), qui va engendrer le style Yang et Wu Yuxiang (1812 -1880) qui va créer le style Wu. L’histoire de Yang Luchan est bien connue, celle de l’humble serviteur reconnu enfin par son maître comme digne de partager l’enseignement de la famille Chen, puis s’émancipant pour fonder la dynastie des maîtres du style Yang. On connaît moins bien Wu Yuxiang, qui fut pourtant un personnage incontournable dans l’histoire du taijiquan. Cet officier provincial, cultivé et de bonne famille, féru d’arts martiaux, sut, en côtoyant son aîné Yang Luchan, assimiler puis transcender l’enseignement de Chen Qingping. Sa culture lui permit de s’appuyer sur les textes anciens pour en reformuler l’essentiel et créer son propre style.

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Wu Yuxiang

Yang Luchan

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Sun Lutang

Par la suite, le style Yang se transmet jusqu’à Yang Chenfu (1883 -1936) qui est le grand propagateur du taijiquan. Ses nombreux élèves (la liste « officielle » contient 12 disciples, mais il eut un très grand nombre d’élèves directs) vont eux aussi faire éclore de multiples écoles avec des méthodes, pratiques et perspectives très variées, les générations suivantes amplifiant ce processus. Dans cet écheveau quelquefois difficile à cerner (souvent à cause de l’incompréhension des uns vis à vis des autres, quelquefois pour des raisons plus obscures, liées aux intérêts despotiques, voire financiers), nous retiendrons 2 rameaux :

  • Celui de Fu Zhongwen (1907-1994) considéré comme le descendant le plus orthodoxe… Jusqu’à son disciple Zhou Minde, actuel « gardien du temple » à Shanghaï au sein de la fameuse association Chin Woo (Jinwu).

  • Celui de Zheng Manqing (Cheng Man Ching) (1902 -1975)… et l’éclosion en 2 étapes, d’abord Taïwan et le sud est asiatique, puis les Etats-Unis et tout l’Occident.

Quant au style Wu, à partir de Wu Yuxiang, il va se transmettre grâce d’abord à Li Yiyu, puis les trois Hao, le père Hao Weizhen (1849 -1920), le fils Hao Yueru (1877 – 1935) et le petit fils Hao Shaoru (1907 – 1983). Autant le style Yang s’est largement propagé en de nombreuses variantes et écoles, autant le style Wu(que l’on appelle aussi Wu Hao) est resté très confidentiel.

Dans notre panorama, remarquons Sun Lutang (1863-1933). Celui-ci, grand expert d’arts martiaux (très célèbre pour sa maîtrise du bagua et du xingyi) rejoint, bien que quinquagénaire, Hao Weizhen et marie le style Wu à ces deux techniques ancestrales. Ainsi naît le style Sun, dont la première dépositaire est sa fille Sun Jianyun.


Pour que le panorama soit complet, distinguons le style Wu (de Wu Yuxiang) du style Wu (de Wu Jianquan 1870-1942). En effet, si la distinction est évidente en chinois, ces deux noms s’écrivant avec deux idéogrammes différents, il peut y avoir confusion en occident. : Le style Wu de Wu Jianquan est un style très différent du style Wu de Wu Yuxiang. Plus récent, il provient du style Yang depuis la branche de Yang Banhou.

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Sun Jian Yun et Chen Guofu en 1953

Le choix de la Grande Ourse est de concilier à la fois la nécessité de suivre une voie cohérente pour l’apprentissage, la volonté d’avoir un regard ouvert sur la genèse et la multiplicité des pratiques du taijiquan, et d’engager ceux qui le souhaitent vers un travail profond et subtil. Après avoir travaillé avec de nombreux maîtres de l’école Zheng Manqing, JJ Sagot s’est tourné vers la branche shanghaienne du style Yang, puis, après sa rencontre avec Chen Guofu, a délibérément choisi l’étude puis la transmission des styles Wu et Sun. Chen Guofu est une personne rare. D’une discrétion et d’une humilité étonnantes, il est néanmoins un référent incontournable. Au sein de la Chin Woo, c’est lui qui est consulté pour sa connaissance des styles Chen, Yang, Sun et Wu ! Il a été gâté, il est vrai, dans son parcours. Après des années dans la famille Yang (à Shanghai) puis la famille Chen (à Pékin), il passe plusieurs années avec Sun Jianyun dont il est l’unique élève pendant les années soixante. De retour à Shanghai, il participe à la fameuse classe de style Wu qu’ouvre Hao Shaoru. Depuis, il ne transmet ses connaissances qu’à très peu d’adeptes. Cependant, les membres de la Grande Ourse peuvent bénéficier de la relation privilégiée qu’il entretient avec JJ Sagot.

Les choix didactiques de l’association sont les suivants:

  • Un axe de travail pour les débutants est guidé par le souci du respect des fondamentaux, de la simplification des consignes et de la douceur de l’approche, afin de pouvoir bénéficier rapidement des bienfaits prophylactiques de la pratique.

  • Le socle est l’apprentissage des styles Wu et Sun, dans la continuité de Hao Shaoru, Sun Jianyun et Chen Guofu.

  • La cohérence et la justification des postures se fait grâce à leur authentification via les applications martiales introduites très progressivement, selon l’âge et les capacités des élèves.

  • Les élèves souhaitant approfondir la voie martiale apprennent le grand Sanshou, depuis ses racines Yang vers les spécificités Wu & Sun.

  • Toutes la gamme des techniques à deux sont abordées (tuishou, dalu...) lors de séances ou stages spéciaux.

  • La technique des armes a comme “épine dorsale” l’apprentissage des formes à l’épée (Yang de Fu Zhongwen, Sun de Sun Lutang, double épée de style Wu)

  • En complément, la palette des techniques avec armes propose le bâton court, la grande perche, l’éventail, le sabre.

  • Les personnes qui ne peuvent ou ne veulent aller aussi loin dans la pratique et la recherche, ont néanmoins la possibilité de goûter aux subtilités des styles Sun et Wu, en suivant les séances de qi gong élaborées à partir des préceptes de ces styles.

Ainsi, notre école ne reste nullement figée dans un « système » clos qui ne correspond en rien à la dynamique historique évoquée plus haut, mais se glisse dans les méandres multiples des voies initiées par les Anciens, pour tenter d’en comprendre quelques aspects, d’en dégager une voie cohérente entre l’ouverture d’esprit et la volonté d’approfondissement. L’école est ainsi ouverte à la fois aux personnes déterminées à aller loin dans la pratique du taijiquan et à celles qui ne souhaitent  l’aborder que d’une façon légère.

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Yang Chenfu et Fu Zhongwen

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Jean-Jacques Sagot et Chen Guofu

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