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L’Oie de Cussac (2), les carnets de JJS, page 51

les carnets de JJS, page 51

L’Oie de Cussac (2)

 

         Après la parution de la page 45 « Une oie de 30 000 ans », un de mes amis m’a signalé la publication en Juillet de cette année d’un petit essai de la plume de Dominique Pasqualini intitulé « L’Oie de Cussac »*. L’auteur, artiste, cinéaste, ancien directeur de l’Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux et amateur de préhistoire a eu la chance de pouvoir visiter plusieurs fois la grotte de Cussac (fermée au public). Dans cet ouvrage, il témoigne de ses émotions et nous livre ses commentaires. J’en propose quelques extraits choisis en incitant vivement à faire l’acquisition de cet opuscule.

 

Au sortir de la grotte en 2020 :


Je reste assez secoué par ce que je viens de voir, car même si on en a eu quelque idée par des articles de recherche, tout ce que nous avons traversé dépasse l’attendu.

A Cussac, il y a une force immédiate et une évidence des figurations qui, cependant, ne ressemblent à rien de connu.

L’évidence de choix très précis mais énigmatiques…

L’émouvante certitude d’une intelligence en acte.

 

Lors de sa troisième visite, ce fut la rencontre :


…Le lendemain, il s’agissait de repérer les principales traces ursines et humaines dans le sol argileux, et nous avons rampé dans un boyau, en évitant d’effleurer la voûte tout en broyant nos genoux sur les concrétions en chou-fleur qui affleurent invisiblement dans la boue collante.

            C’est là, en me retournant sur le dos que je l’ai vue.

            Je ne me rappelle plus si le chercheur qui me guidait l’avait annoncée mais l’effet fut sidérant : elle se tenait là, sur la voûte, tracée d’un seul trait fluide, comme à peu près tout dans cette caverne qui est elle-même un flux solidifié.

L’oie.

Impérieuse et toute en douceur.

Un ansériforme, complet, dessiné par cette ligne unique, d’une longueur d’environ deux mètres cernant bec, tête, cou ondoyant, et aile ouverte.

Et même, rare à Cussac, un œil.

Son œil, triangulaire.

Son regard.

Son « sourire ».

Je l’ai vue.

J’ai vu l’oie.

Et elle me regardait….

…Elle me toisait-sans que je puisse l’imaginer.

Elle était là.

Dans une attente infinie -d’avant la naissance et après la mort.

Et elle m’avait vu.

(Avant Les Ménines ou Les époux Arnolfini, avant l’Annunziata d’Antonello, il y avait L’Oie de Cussac.)

 

Elle était déjà là, la Grande Oie, la migratrice éternelle, la promesse de l’éternel retour, qui confèrera son pied palmé à tous les êtres en chemin, comme les Pédauques (les pieds d’auque, les pieds d’oie) sur la route des étoiles (Compostelle). La Grande Oie qui, sur le sol, boîte, comme tous les initiés (et les joueurs de marelle). La Grande Oie, mère de tous les mythes et tous les contes (Ma mère l’Oye qui embarque tous les contes de Perrault sans y apparaître une seule fois !).

Elle était déjà là au-dessus de la tête de nos ancêtres qui l’ont reconnue et gravée il y a 30 000 ans.  Elle était au-dessus de la tienne et tu l’as reconnue toi aussi, Dominique !


JJ Sagot

 

*Dominique Pasqualini L’Oie de Cussac Editions Confluences Juillet 2025.

 

 

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