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Une oie de 30 000 ans, les carnets de JJS, page 45

Dernière mise à jour : il y a 5 jours

les carnets de JJS, page 45

Une oie de 30 000 ans


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Elle est belle, non ? Avec son long cou, son œil triangulaire, son bec presque souriant ? On croirait un dessin contemporain, issu d’une BD par exemple. Seulement voilà, ce dessin est en réalité une gravure pariétale, c’est-à-dire qu’elle a été gravée d’un seul trait sur la paroi d’une grotte souterraine. Et l’artiste n’est plus de ce monde depuis 30 000 ans ! C’était un Gravettien comme il est ainsi dénommé dans l’arborescence des hommes dits préhistoriques, parce que sa famille a été repérée à la Gravette. Comme on a du mal à se retrouver dans l’immensité des temps anciens, précisons qu’on est au beau milieu de la période paléolithique, une quinzaine de millénaires après l’arrivée de nos ancêtres en Périgord, mais dix (millénaires) avant Lascaux, le fleuron de l’art pariétal - L’échelle du temps est grandiose -


La Gravette, c’est un lieu-dit dans la vallée de la Couze*, petite rivière qui se jette dans la Dordogne. Pas de visiteurs à la Gravette et pourtant c’est d’ici que provient le nom de générations d’homo sapiens ayant habité tout le continent européen pendant 8 millénaires. Le Gravettien est célèbre pour ses pointes de flèches et surtout pour ses statuettes féminines rebondies (dont la fameuse Vénus de Willendorf).


Et notre oie ? Elle fut gravée à quelques kilomètres de la Gravette en un autre lieu-dit appelé Cussac*. A Cussac, une grotte de plus d’un kilomètre de long a été découverte par un spéléologue amateur local, Marc Delluc en 2000. Il a eu l’intelligence d’en référer immédiatement aux autorités qui en ont protégé l’accès. Donc si j’ai pu rencontrer notre oie, c’est sur une paroi en fac simile dans une salle dédiée à la grotte dans le bourg du Buisson. Ma rencontre fut en tête-à-tête : pas un visiteur, pas un touriste en plein mois d’Août ! Incompréhensible, car l’exposition, même modeste, est splendide et pédagogiquement irréprochable*


La grotte est un long boyau, les parois ne sont ornées qu’à certains endroits. Sur un grand panneau se mêlent différentes représentations animales, plus loin, à 200m de l’entrée on admire des représentations féminines, l’oie est à 250m sur le plafond du boyau et, 500m plus loin, c’est un oiseau qui clôt la visite. Que fait là-bas ce grand volatile, solitaire, au fond de ce long tunnel ? Comment les artistes sont-ils allés si loin, en s’éclairant comment, et dans quel but? Et pourquoi une oie, elle aussi seule et unique, dont on n’aperçoit que le cou et la tête dominant le visiteur ?


On ne peut s’empêcher de penser au jeu de l’Oie, bien sûr, à un chemin initiatique, n’ayons pas peur des mots. Et comment ne pas avoir en tête le symbolisme de l’Oie, de la Grue, des grands migrateurs, au-dessus de nos têtes comme au-dessus des ancêtres gravettiens ? Je vous renvoie à ma première page de carnet, celle de l’Oie et l’Ours. D’ailleurs, les ours ont fréquenté la grotte de Cussac, y ont dormi, et les humains de l’époque y ont installé une sépulture, dans un état parfaitement conservé. C’est presque unique.


Un tombeau dans un lieu sacré, des siècles avant les dolmens, avant les cathédrales gothiques… Nous resterons avec nos interrogations, comme les spécialistes, mais avec la profonde conviction que notre histoire est un long fil de soie.


JJ Sagot


Une sépulture de 30 000 ans
Une sépulture de 30 000 ans
Représentation féminine
Représentation féminine













*sur la commune de Bayac

*sur la commune du Buisson de Cadouin

*je n’ai pas le même avis pour le fac simile de Lascaux IV, archi-visité.

                             


                       


 

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