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Jean-Jacques Sagot

La fabuleuse histoire de l’ours (2) Chauvet, les carnets de JJS, page 16

les carnets de JJS, page 16

 

La fabuleuse histoire de l’ours (2)

Chauvet

 

Nous sommes donc dans la grotte de Rouffignac, entourés de mammouths ( après inventaire, il y en a 168). Et alors, l’ours ? Combien de gravures d’ours en tout et pour tout ? Une seule !




Oui mais l’ours est partout dans la grotte, pas dans la coupole du grand plafond, pas sur les murs des diverticules, mais partout sur le trajet. Sur les parois, c’est lui le graveur : ses griffes les ont entaillées, quelque fois à 3 mètres de haut. L’éclairage latéral du petit train rend visibles à nos yeux une quantité impressionnante de stries verticales dues aux griffades du grand ours. Et puis, sous nos pieds, de nombreuses bauges : c’étaient les couchettes de notre animal. C’est ici qu’il hivernait. Cela a duré des millénaires et l’ours devant être douillet, il s’est aménagé des nids bien confortables en creusant le sol et en s’y frottant.


Non, l’homme du Magdalénien qui a orné les parois de la grotte n’a pas eu à enjamber les plantigrades. Ceux-ci ont été les premiers locataires bien avant lui, et ont occupé les lieux bien plus longtemps, plusieurs millénaires…


Si on va visiter d’autres grottes (ce n’est pas l’apanage du Périgord !) comme par exemple la grotte Chauvet (en Ardèche), on y voit des images pariétales de notre ours plus nombreuses (une douzaine) et bien plus anciennes : on est là 30 000 ans avant notre ère, soit deux fois plus qu’à Rouffignac. Mais quand on dit « notre » ours, c’est inexact, car l’ours des cavernes du paléolithique n’est pas celui qu’on a réimplanté récemment dans les Pyrénées, ni même son parent lointain. Les spécialistes nous disent qu’ils ont probablement un ancêtre commun, l’ours des cavernes et l’ours brun étant seulement « cousins » tout comme Néandertal et Cro Magnon. Eux aussi se sont côtoyés, et nos lointains ancêtres ont dû les côtoyer aussi, de telle sorte que leur « location » de certaines grottes a dû être alternée, et peut être parfois commune ? Au point qu’ils aient pu faire tombe commune :  revenons en Périgord, à quelques pas de Lascaux, au site du Regourdou, où l’on a découvert une double sépulture ours-homme, sous la même dalle, Ours brun-Néandertal, datée de…80 000 ans !


Laissez tomber Lascaux 4 avec ses couloirs en béton, ses animations en 3D, ses queues interminables et ses visites au pas de charge. Montez au-delà de Lascaux (la vraie grotte) jusqu’au Regourdou. C’est bien plus artisanal , d’accord, et bien plus sommaire. Mais 80 000 ans !


Pendant des millénaires, l’ours était partout et l’homme a vécu en son omniprésence. Et pourtant, il l’a peu représenté sur les parois ornées. Pourquoi ? Les préhistoriens nous font remarquer que c’est l’animal qui a été représenté selon des postures les plus variées, les plus schématisées, voire même les seules vues de face. Pourquoi ?

Si l’on s’interroge sur la fonction des bestiaires des grottes ornées, on peut aussi s’interroger sur le cas particulier de l’ours dans ces bestiaires. Avait-il un statut particulier ? Certains avancent même que ce qui est représenté parfois n’est pas l’animal, mais un homme déguisé en ours. Ou encore que la stylisation de certaines gravures soit déjà un pas vers la représentation d’un symbole, atteste d’une pensée symbolique…


A Chauvet, par exemple, des crânes d’ours ont été alignés.

Alors, y avait-il un « culte de l’ours » ?

 

Et pourquoi ce titre de « fabuleuse » histoire d’ l’Ours ?

Et qu’est-ce que la Grande Ourse a à voir avec ces vieilles histoires ?

Vous le saurez (un peu) dans les prochains épisodes.

JJ Sagot

Illustration : Grotte Chauvet

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