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La fabuleuse histoire de l’Ours (11)Arthur, le Roi-Ours, les carnets de JJS, page 55

les carnets de JJS, page 55

La fabuleuse histoire de l’Ours (11)

Arthur, le Roi-Ours


Le Roi Arthur, les Chevaliers de la Table Ronde, la quête du Graal, Lancelot du Lac, Mordred, Perceval, et puis la Dame du Lac, Guenièvre, Merlin l’Enchanteur et la Fée Morgane, Excalibur l’épée, Avalon la Terre de l’au-delà… La fameuse légende est le fondement mythologique de l’Histoire bretonne. C’est ce qu’on en retient le plus généralement. Mais en ouvrant sa focale, on doit comprendre la Bretagne comme une grande partie des îles britanniques plus la Bretagne française. Autrement dit cette histoire est liée à la tradition celtique, voire bien plus ancienne encore.


Arrêtons-nous à Arthur, le personnage historique. Les traces sont lointaines : Il apparaît pour la première fois dans un document du IX ème siècle sous la plume du copiste gallois Nennius, l’auteur de la première Histoire des Bretons. Arthur y est décrit comme un grand chef de guerre. Un échantillon ? il aurait tué 960 Saxons en portant sur ses épaules une statue de la Vierge ! Dans certaines versions, il combat même des ennemis surnaturels.


Par la suite les clercs médiévaux vont développer la saga arthurienne jusqu’à Chrétien de Troyes, le Victor Hugo de la littérature française médiévale*. On y fait la part belle à Lancelot et aux Chevaliers de la Table Ronde.


Cette légende arthurienne, issue d’une longue tradition orale antérieure aux premières traces écrites, augmentée de personnages et histoires provenant d’autres sources, constitue alors un immense réservoir pour les contes, fables, épopées où les variations seront très nombreuses. On peut dire qu’elle est l’ancêtre du roman littéraire, puis devient un vivier pour de très nombreuses reconversions dans les films, BD, jeux vidéo, voire séries humoristiques contemporaines.


On ne va pas ouvrir ici ces chapitres monumentaux, ni s’attarder à des commentaires sur les sources historiques de ces histoires. Nous aborderons plus tard la structure mythique de la légende en nous appuyant sur les recherches de Georges Dumézil, Gaston Bachelard, Mircea Eliade et, plus près de nous, Julien D’Huy. On apprendra que le mythe arthurien n’est pas d’origine celtique, voire même indo-européen car il provient probablement de traditions dites préhistoriques. Il y est aussi question d’animaux, de la lune et du soleil, des saisons, etc… Rappelons-nous d’une définition du mythe selon Claude Lévi-Strauss : Le monde du mythe est celui où hommes et animaux ne sont pas encore distingués.


Alors, prenons une loupe pour étudier l’étymologie des personnages et des lieux. On découvre en premier lieu que Arthur, le Roi Arthur, c’est le Roi-Ours. En ancien français, Arthur , c’est Artus dont la racine est ART qui constitue la base philologique du nom. La racine celtique, c’est ARZ. Et artz, ça signifie OURS. En irlandais, c’est art, en gallois arth, en vieux breton, c’est arzh.


Les premiers récits commencent par un combat entre Arthur et un grand ours. Grâce à sa victoire, Arthur devient alors lui-même ours. On peut aussi comprendre d’une autre manière que sa nature ursine est alors révélée. Il s’approprie alors son nom. Ce type d’épisode est caractéristique des initiations archaïques qui, grâce à cette épreuve, confèrent à l’aspirant-guerrier la force de l’animal. Mircea Eliade précise : A travers ces épreuves, le postulant s’appropriait le mode d’être un fauve : il devenait un guerrier redoutable dans la mesure où il se comportait comme une bête de proie. Il se transformait en surhomme parce qu’il réussissait à s’assimiler la force magico-religieuse partagée par les carnassiers. »*


Le combat mythique contre l’ours, animal-roi, roi des animaux, dépasse la simple épreuve héroïque d’intégration guerrière. Il est un véritable rite d’intronisation royale. La caste guerrière investit alors son souverain et lui donne son titre de ARD-RI , ce qui signifie dans la langue celtique l’Ours-Roi.


On a vu dans des pages de carnet précédentes que l’Homme et l’Ours ont souvent partagé leurs sépultures*. L’ours peut alors être considéré comme le double du guerrier, son alter ego. L’ours symbolise l’éternel retour par sa « renaissance » après la longue période d’hibernation, dans des grottes qui plus est. Aussi, associé au défunt, il est alors perçu comme l’accompagnateur de l’âme du guerrier vers un « autre monde ». On y voit la source des légendes du Roi Arthur dont les pouvoirs royal et sacerdotal sont liés.


*On sait que Chrétien de Troyes écrivait dans une langue « émergeante », le roman, c’est-à-dire l’ancien français. C’est de là que vient le mot « roman » pour une histoire… romancée.


*Mircea Eliade Initiations, rites, sociétés secrètes

* pages 15 &16


En illustration , Rex Arturus, le Roi Arthur combattant un monstre. Cathédrale d’Otrante (dans les Pouilles, au sud de l’Italie, bien loin des îles bretonnes !)


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