les carnets de JJS, page 25
L’amulette de la Grande Ourse
Quand nous pratiquons l’épée du taichi (taijijian), nous tenons habituellement l’épée de notre main droite tandis que la main gauche se conforme à une disposition particulière : on replie l’annulaire et l’auriculaire sur la paume de la main, le pouce se courbe de façon à rejoindre ces deux doigts tandis que le majeur et l’index restent tendus et serrés.

On dit alors que la main ainsi formée supplée l’absence d’arme. Les doigts tendus se substituent à l’épée. L’équilibre énergétique est alors assuré par la balance symétrique des deux bras. Il est possible alors de faire le parallèle avec la pratique de la double épée (une épée tenue dans chaque main). Il est également assuré que l’on peut aussi pratiquer le taijijian si l’on n’a pas d’épée en conformant sa main droite ainsi, les deux doigts tendus remplaçant l’épée absente.
Cette disposition des doigts prend la dénomination d’ « amulette ».
Une amulette, c’est un petit talisman que l’on porte sur soi et à qui l’on attribue des vertus protectrices. Ici, il ne s’agit pas d’un objet mais d’une représentation symbolique. On peut donc faire le rapprochement avec les innombrables pratiques superstitieuses du monde chinois, mais aussi avec les positions et postures de santé liées à la conception traditionnelle de la physiologie humaine ( ce que l’on appelle aujourd’hui la médecine traditionnelle chinoise). Et comme cette conception s’appuie sur de nombreuses analogies, dont celle entre cosmos et corps humain, cette amulette porte le nom de l’amulette de la Grande Ourse.

Les jointures des phalanges de l’index et du majeur dessinent une figure apparentée aux sept étoiles de la constellation. Les quatre articulations du bas représentent le quadrilatère de base, les deux autres plus le bout du majeur représentent la « queue » de la constellation.
Ainsi est tissé un lien entre la grande constellation du « milieu du Ciel » et la main repliée qui peut tourner autour de centres précis. Par exemple, lorsque l’on réalise la posture à l’épée, la bien-nommée « les étoiles de la Grande Ourse », la main-amulette décrit un cercle parfait autour du deuxième dantian (point situé au creux de la poitrine).

Il s’agit alors de faire le parallèle entre la constellation qui tourne autour du centre invisible du ciel (le point fixe du pôle nord céleste) et la main-amulette qui tourne autour de ce point essentiel du corps humain (en rapport avec le cœur) de façon à calmer les émotions pour concourir à une paix intérieure.
JJ Sagot
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