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La fabuleuse histoire de l’ours (8),les carnets de JJS, page 30

Jean-Jacques Sagot

les carnets de JJS, page 30

 

La fabuleuse histoire de l’ours (8)

L’ours en peluche

 

Après avoir levé les yeux au plus haut dans le ciel et vu se succéder les patronymes attribués aux sept étoiles, sanglier, ours, bœufs, tournons le regard vers le plus bas, le plus enfoui, sous nos draps d’enfants. Et qu’y voyons-nous, tapi entre deux oreillers ? Encore un ours !


Celui-ci est doux, rassurant, docile, c’est l’ours en peluche. L’objet transitionnel, selon le fameux psychanalyste D. Winnicott, certes, certes… mais pourquoi un ours ?


Il est vrai que depuis l’Antiquité, les enfants jouent avec des petits mannequins de chiffons ou de paille, des poupées, donc. Et si l’ours figure dans nombre de livres pour enfants dès le XIXème siècle, avec un caractère de plus en plus anthropomorphique, il prendra la première place des jouets en peluche au début du XXème siècle avec une histoire devenue presque légendaire. Michel Pastoureau clôt son livre sur le Roi déchu, avec un dernier chapitre intitulé « La revanche de l’ours », où il raconte l’histoire de Teddy Bear, le premier ours en peluche…américain.



Theodore Roosevelt, le fameux président des Etats-Unis (1858-1919) , Prix Nobel de la Paix, mais aussi chasseur, lors d’une tournée dans le sud, y fit plusieurs parties de chasse dont il rentra bredouille. Un de ses aides de camp fit capturer un jeune ours pour le rapprocher de la gâchette présidentielle. Mais Roosevelt, attendri, refusa de se soumettre à ce stratagème et prononça ces paroles restées célèbres : « Si je tue cet ourson, je ne pourrai plus jamais regarder mes enfants en face. »


La suite est toute américaine : un dessin dans un grand journal, des commerçants avisés, Morris et Rose Mitchom, qui fabriquent les premiers oursons à la place de leurs poupées, et le succès est immédiat. Il les baptisent Teddy, du surnom présidentiel, revendent leur invention à une grande firme de jouets, et la production s’enflamme. L’invention est contestée par une Allemande, Margarete Steiff, qui eut la même idée, en s’inspirant d’un ourson du zoo de Berlin (Berlin, la ville de l’ours, bär en allemand, coïncidence heureuse). En tous cas, les ours en peluche s’invitèrent en grand nombre dans les bras des enfants des deux côtés de l’Atlantique. Passé l’enfance, certaines, certains, n’arrivent pas à s’en séparer, même les plus solides gaillards. On sait que Neil Armstrong, avait embarqué le sien dans la capsule Apollo 11. Le premier animal à se poser sur la lune fut un ours en peluche !


J’oserais quand même y apporter mon petit grain de sel en supposant que ce succès devenu planétaire de l’ours en peluche peut s’expliquer aussi par la longue proximité de l’ours et de l’homme. Sous les draps du lit, l’enfant rejoue-t-il inconsciemment l’histoire de l’homme, en reconstituant symboliquement la grotte primordiale ?  Le lieu partagé par ses lointains ancêtres avec les grands ours en chair et en os, ses cousins, lieu qui atteste de la sacralisation de l’ascendance animale de l’humanité.

JJ Sagot

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