Les cinq éléments (3), les carnets de JJS, page 48
- Jean-Jacques Sagot
- 29 sept.
- 3 min de lecture
les carnets de JJS, page 48
Les cinq éléments (3)
Pour envisager la conception « occidentale » des Cinq éléments, nous avons à disposition de nombreuses voies d’entrée, Grèce antique, racines indo-européennes, traces égyptiennes, astrologie, symbolique médiévale, alchimie, jusqu’aux travaux contemporains de la phénoménologie ou de la psychologie analytique.
Le Vedanta, Pythagore, Platon, Aristote, Rabelais, Fulcanelli, Bachelard et Jung -entre autres, -excusez du peu- ont abordé le thème des éléments. Il est évident qu’il est impossible dans le format de ces pages de carnet d’en faire un exposé sommaire, encore moins synthétique, et je me contenterai du renvoi vers ces sources imposantes.
Notons cependant qu’aucune ne déroge à l’ordonnancement des quatre mêmes éléments : Terre, Air, Eau et Feu. On y constate aussi, comme dans la version chinoise, que ces éléments sont reliés et interagissent. On conçoit ici aussi un « engendrement » : la Terre procède du sec et du froid, l’Eau du froid et de l’humide, l’Air de l’humide et du chaud, le Feu du chaud et du sec.
Et dans la mesure où ces éléments apparaissent comme une structure symbolique fondamentale, sont associés au gré du contexte historique, culturel ou philosophique, nombre de quaternaires, plus ou moins manifestes ou recherchés. Les quatre saisons est l’exemple le plus flagrant, bien sûr. Les âges, les humeurs ou traits de caractères, les éléments corporels ou les végétaux peuvent être aussi catégorisés sur cette base. Même Bachelard s’essaiera à cette classification*.
Retenons, parmi les innombrables variantes, une structure ordonnée de ce type :
Le binôme Terre-Air apparaît comme l’axe orienté de l’apparition au monde : de la graine en terre à la plante au grand air, du fœtus dans la matrice à la naissance à l’air libre. La plupart des rites initiatiques reproduisent ce trajet de la caverne à l’espace pour signifier le passage du possible au réel, du principe à la manifestation*.
Le binôme Eau-Feu est celui de l’activation de la vie. L’Eau et le Feu sont autant opposés que complémentaires. L’excès de l’un entraîne la disparition de l’autre. Trop d’eau éteint le feu et trop de feu fait évaporer l’eau. Mais l’un allié à l’autre et la vie s’épanouit. Pluie et soleil pour nourrir le vivant, végétal et animal*.
En résumé, le binôme Terre-Air est celui de l’engendrement et le binôme Eau-Feu celui de l’activité. Si le premier peut être vu comme vertical, le second comme horizontal, leur assemblage peut être considéré comme la symbolique première de la croix en tant que figuration des quatre orients.

Nous sommes pour l’instant en plein quaternaire et posons la question du cinquième élément. Celui-ci est souvent dénommé la quintessence (du latin quinta essencia, la cinquième essence) et depuis la philosophie antique jusqu’à la cosmologie moderne occupe une place majeure dans la quête de la connaissance. Ce sera l’objet de la prochaine page.
JJ Sagot
*Il dissociera quatre « tempéraments », le bilieux associé à la terre, le lymphatique à l’eau, le sanguin à l’air et le nerveux au feu. Bachelard, La psychanalyse du feu.
*La marelle entre aussi dans ce schéma primordial.
* La tradition alchimique extrême-orientale utilise le terme de vapeur produite par la conjugaison de l’eau et du feu pour évoquer le qi, ce qui, en Chinois, signifie souffle, énergie, c’est-à-dire le vivant.
L’illustration est un tableau attribué à Jan Brueghel, peintre flamand u XVIIème siècle, intitulé « Les Quatre éléments »










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