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Les cinq éléments (2),

les carnets de JJS, page 47

Les cinq éléments (2)

 

En mettant en regard les éléments fondamentaux en Occident et en Chine, on remarque qu’en commun, nous avons la terre, l’eau, le feu tandis qu’en Occident, on y ajoute l’air et l’éther et en Chine le bois et le métal. La conception occidentale exclut des éléments ayant trait au vivant ou à l’activité humaine, alors que la chinoise au contraire les inclut : le bois comme élément végétal et le métal comme élément issu de la transformation par l’activité humaine.

En organisant (Marcel Granet parle d’ « arrangement ») les éléments par 4+1, on a d’une part la terre, l’air, l’eau et le feu ainsi que l’éther comme cinquième élément et d’autre part l’eau, le bois, le feu et le métal ainsi que la terre comme cinquième élément.

Je renvoie aux pages 3,4 et 5 de mes carnets pour l’étude du 5 vu comme une face de dé, c’est-à-dire que 4 éléments occupent les places périphériques alors qu’un seul occupe le centre.

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Marcel Granet dont l’ouvrage « La pensée chinoise » est essentiel dans notre bibliographie, décrit ainsi le cycle de l’engendrement : « L’ordre des Éléments, quand ils se succèdent les uns aux autres, n’est point absolument arbitraire. Il y a quelque cohérence dans les métaphores des Chinois qui disent : l’Eau produit le Bois (en lui donnant sa sève) ; le Bois produit le Feu (qu’il alimente); le Feu produit le Métal (qu’il dégage du minerai) ; le Métal produit l’Eau (puisqu’il peut se liquéfier). »  On y voit les fondamentaux des principes alchimiques : tout se transforme en disparaissant pour engendrer ; le métal, dernier élément doit revenir à la liquéfaction (principe du mercure alchimique). On remarque aussi que l’élément Terre n’est même pas cité. La Terre est l’élément central qui est le creuset de tous les autres*. Donc on peut s’appuyer sur l’éminent sinologue pour indiquer qu’à l’origine, le cycle de l’engendrement était structuré sur le 5 en tant que 4+1.

Ainsi les éléments dans la conception chinoise sont au nombre de quatre. Le cinquième élément est la Terre, ou, plus exactement celle-ci est l’élément de départ, central dont dépendent les quatre autres. Dans le diagramme des couleurs, elle est Jaune. Jaune, c’est la couleur du centre, celle de l’Empereur qui se trouve au centre de l’univers.

Ceci est en phase avec la psyché archaïque chinoise, celle d’un peuple d’agriculteurs dont la terre jaune est engendrée par le limon des grands fleuves. On a déjà fait la remarque que le bleu n’apparaît pas dans le diagramme des couleurs, tout simplement parce que le bleu est la couleur du Ciel. Et que le Ciel ne peut être représenté que par son intercesseur, l’Empereur, le Roi-Pontife qui assure le lien entre le Ciel et la Terre. On comprend aussi que, dans la mesure où c’est la Terre l’élément central, les autres éléments appartiennent à l’activité terrestre, en particulier le bois et le métal comme il est dit précédemment.

La conception occidentale s’inscrit dans le même schéma de quatre éléments + un cinquième, mais avec une psyché et une histoires différentes comme on va le voir.

 

 

* Voir les pages de carnets 3,4 et 5 ainsi que La Pensée Chinoise de Marcel Granet.

* Voir Forgerons et alchimistes de Mircea Eliade

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