Les cinq éléments (6)L’étoile à cinq branches, les carnets de JJS, page 52

les carnets de JJS, page 52

Les cinq éléments (6)

L’étoile à cinq branches

Revenons, pour clore ces pages consacrées aux cinq éléments, au diagramme évoqué en premier lieu, celui du cycle des engendrements qui relient les cinq éléments dans la perspective chinoise. On y constate que l’on sort du principe 4 éléments + 1 pour les installer dans une roue où leurs places sont équivalentes et où leurs liens tracent un pentagone. Le problème est la place que l’on va donner à la Terre, qui, comme nous l’avons vu précédemment a une place centrale par rapport aux autres. Alors, comme on ne peut pas bousculer l’ordre initial eau-bois-feu-métal, il est convenu généralement de la placer entre le feu et le métal avec des contorsions explicatives du type : le bois engendre le feu, le feu engendre la terre (avec les cendres produites), la terre engendre le métal (grâce au minerai contenu), le métal engendre l’eau (car il peut se liquéfier) et l’eau engendre le bois (ce qui est plus évident). Ce qui donne le pentagone suivant :

Mais, à partir de ce pentagramme, on peut tracer d’autres liens, qui regroupés, forment un ensemble appelé cycle de destruction ou de contrôle. On a alors le schéma suivant : l’eau éteint le feu, le feu fond le métal, le métal coupe le bois, le bois épuise la terre et la terre engloutit l’eau. Si l’on trace ces liens, on fait apparaître une étoile à cinq branches.

A partir de ces deux diagrammes a été bâti un ensemble de physiologies, de mécanismes prophylactiques ou thérapeutiques, de correspondances anatomiques, un agencement des humeurs, des caractères, un écheveau plus ou moins touffu que l’on a regroupé au sein de l’ensemble rebaptisé médecine traditionnelle chinoise.

Ce n’est pas le lieu pour ouvrir un chapitre sur ce sujet. Regardons plutôt s’il y a l’équivalent avec le 4+1 « occidental ». Le passage du 4+1 stabilisé au 5 va également vers une structure en étoile. L’étoile à 5 branches s’insère bien entendu dans un pentagramme et conduit vers une symbolique nouvelle. En la comparant à celle d’Orient, on peut dire que toutes deux passent d’une structure stable, organisée, avec des potentiels bien définis à une structure dynamique qui, pour engager la rotation, le mouvement, nécessite des potentiels équidistants et interchangeables. En résumé on peut dire que le glissement entre les deux structures du nombre 5 est celui du principe au mouvement, de l’invariabilité à la dynamique, de la substance à l’essence. Sur le plan du symbolisme, c’est le lien entre la symbolique de la croix et celle de l’étoile.

On remarquera, et ce n’est pas anecdotique, que le Cinq stable s’insère dans un simple carré tandis que le Cinq dynamique se construit à partir du dédoublement du carré qui permet, en passant par la clé de la divine proportion et le nombre d’or, vers l’étoile à 5 branches*.

La tradition orientale s’est appuyée sur cette géométrie pour échafauder une vision de la physiologie humaine tandis que l’occidentale s’est tournée vers la construction des édifices sacrés. Au bout du compte, il s’agit dans les deux cas d’un reflet de la cosmologie dans le domaine de l’Homme. 

JJ Sagot

*Dans la tradition des bâtisseurs, le rectangle 2x1 s’appelle le double carré et l’étoile à 5 branches l’étoile flamboyante.

* Illustration l’Homme de Vitruve (de Leonardo) , croquis de JJS et pentagramme dessin de Pascal Ledoux